SOCIÉTÉ : la diversification alimentaire chez le jeune enfant au menu d’une réunion d’acteurs multisectoriels
Niamey, Mardi 14 février 2023 : Le Secrétaire Général du Haut-Commissariat à l’initiative 3N (HC3N), le Colonel Maizama Abdoulaye a présidé en ce début de matinée à l’Hôtel Bravia de Niamey, la cérémonie d’ouverture de l’atelier national sur l’état des lieux des farines infantiles fortifiées. Il s’agit d’une réunion consultative organisée par le HC3N et ses partenaires pour plancher sur la production des farines infantiles conformément aux engagements du Pays sur les Systèmes alimentaires et de N4G. Trois jours durant, les participants feront un état des lieux de la chaine de valeur de la production, de la commercialisation et de la consommation des farines infantiles fortifiées conformément aux engagements N4G. En outre, ils proposeront une feuille de route pour l’élaboration d’une stratégie portant sur le renforcement de cette chaîne de valeur.
La cérémonie d’ouverture de cette importante rencontre qui a regroupé des acteurs multisectoriels s’est tenue en présence du ministre en charge du commerce, de son homologue de l’agriculture ainsi que des représentants de l’UNICEF, de la Délégation de l’Union Européenne, du PAM, de FAO, des élus locaux et des chefs traditionnels.
La réunion intervient dans un contexte national marqué par la persistance de la malnutrition. Au Niger, près d’un enfant de moins de 5 ans sur deux souffre d’un retard de croissance tandis que 12.2% sont émaciés et 55,5% sont anémiés avec des disparités régionales. A cela s’ajoute le fait déplorable que les pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant sont généralement inadaptées. Selon l’UNICEF, environ un seul enfant sur deux (21,8%) est exclusivement allaité jusqu’à l’âge de six mois (SMART, 2022). La même source souligne que l’alimentation de complément pour les enfants de 6-23 mois reste largement peu diversifiée avec seulement 8,7% qui ont eu accès à un régime diversifié. Seulement 6,7% des enfants de 6 à 23 mois ont une alimentation minimum dite acceptable. Le plus grand défi est donc la diversification alimentaire chez le jeune enfant.
Pour répondre au défi de la sous nutrition, le Colonel Maizama Abdoulaye a particulièrement insisté sur la création des conditions d’une Production locale des farines fortifiées de qualité, la commercialisation et la promotion des pratiques optimales de l’Alimentation du Nourrisson et du Jeune Enfant. Du reste, c’est un des engagements auxquels le Niger a souscrit dans le cadre de la Nutrition pour la Croissance.
Dans le même sens, M. Stefano Savi représentant de l’UNICEF au Niger, également représentant du réseau des nations unies pour le scaling-Up Nutrition (SUN) a rassuré qu’en dépit des difficultés, des solutions durables existent pour le Niger en matière de lutte contre la sous nutrition. Ainsi affirme-t-il : « On peut améliorer la diversité alimentaire des jeunes enfants par trois stratégies à savoir l’amélioration de l’accès à une agriculture durable et diversifiée, la supplémentation en micronutriments, la consommation d’aliments fortifiés en vitamines et minéraux et la production locale de farine fortifiée destiné aux jeunes enfants ».
Pour sa part, Mme Magdalena Pruna, Cheffe de la section Développement Rural auprès de la délégation de l’Union européenne au Niger, a réaffirmé la disponibilité de son institution à accompagner les autorités nigériennes à relever le défi de la malnutrition. Les résultats attendus de cet atelier permettront, espère-elle, de mieux guider les interventions futures dans le secteur des farines infantiles fortifiées afin de lutter contre la malnutrition au Niger.
Pour rappel, en 2022, 47% des enfants de moins de cinq ans souffrent de la malnutrition chronique et la prévalence de l’anémie globale chez les enfants de 6 à mois est de 55,5% au niveau national ; seuls 9% des enfants ont eu accès à des aliments suffisamment variés et 7% ont pu bénéficier d’une alimentation minimale acceptable pour assurer leur croissance. La faible diversité alimentaire est une des causes associées au retard de croissance qui affecte plus de 2,4 millions d’enfants de moins de 5 ans dans le pays.
Agali Oulame Yahaya / NIAMEY-SOIR