SÉCURITÉ : « La guerre est trop sérieuse pour être l’affaire des militaires seuls… »


Le ministre de la Défense Nationale a signé hier mardi 07 mars 2023, un arrêté portant création d’une nouvelle zone de défense, zone de défense n°9, chargée de sécuriser la rive droite du fleuve Niger. C’est une bonne chose. Par une pure coïncidence, l’annonce du ministre nigérien de la Défense Nationale est intervenue moins de 48 heures après la diffusion de l’interview exclusive du grand patron, dit-on, d’Aqmi par la télé de propagande française en Afrique, France24. De cette interview exclusive, j’ai retenu deux choses :

1° Aqmi est à présent l’allié officiel de la France au Sahel. Maintenant que cette alliance est rendue publique, des « négociations » seront conduites avec Aqmi par certains pays sahéliens ; le Niger en fait partie.

2° la directive de Macron à l’issue de son conclave de Pau en janvier 2020, directive qui désigne l’État Islamique au Grand Sahara (EIGS) comme le principal ennemi à abattre et spécifiquement dans la « zone des trois frontières » est à présent très bien lisible. On s’interrogeait en effet, alors que dans le septentrion malien l’Azawad avait déclaré son indépendance, pourquoi Macron avait-il choisi aux pays du Sahel en proie à l’insécurité, et le principal ennemi et la zone dans laquelle cet ennemi doit être combattu.

Aujourd’hui tout cela saute aux yeux car la France élargit aux deux autres pays du Sahel (Niger et Burkina Faso) la stratégie qu’elle avait mise en place au Mali : couper le Mali en utilisant le MNLA, équiper et former des mercenaires sous le label du MNLA et choisir le moment propice pour exiger la partition du Mali. Si le MNLA triomphe au Mali, alors son cousin germain se fera aussi entendre au Niger.

Question : qui a trouvé l’explication rationnelle qui explique qu’un Premier ministre fasse deux mandats au Niger ?

Tous les plans diaboliques échafaudés contre le Mali et contre le Sahel en général par la France et l’OTAN ont fondu comme beurre au soleil avec l’arrivée au pouvoir du colonel Assimi Goïta et de ses camarades. C’est du reste cela qui explique la haine tenace de Macron contre les autorités ma liennes. Rappelez-vous qu’au temps de IBK, la France s’était montrée hostile à toute négociation avec Iyad Aghaly et Amadou Kouffa, chefs rebelles mais non moins Maliens ! La France s’était même donnée comme priorité d’assassiner Iyad Aghaly ! Aujourd’hui, on nous annonce des négociations en cours avec Aqmi dont le patron déclaré est…Algérien.

Pourquoi la France a donc changé son fusil d’épaule ?

De mon point de vue, elle cherche à construire au Niger des sanctuaires pour son MNLA et autres acolytes qui, à n’en point douter, croiseront le fer avec Bamako dans la guerre pour l’unification du Mali. Le nord du Niger et le Liptako nigérien peuvent être ces sanctuaires là. Aussi, si nous voulons vraiment la paix dans une indépendance et une souveraineté retrouvées, il faut exclure toute idée de négociations à l’étape actuelle des choses. La priorité est de chasser les forces armées néocoloniales françaises du Sahel et de construire une nouvelle alliance endogène au Sahel de lutte contre le terrorisme et qui regrouperait le Nigéria, le Niger, le Mali, l’Algérie et le Burkina Faso. Les Armées de ces pays sont capables d’éradiquer le terrorisme entretenu à dessein au Sahel par l’OTAN et aussi de mettre un terme à toute forme d’irrédentisme.

La création de la zone de défense n°9 n’est pas une chose mauvaise en soi. Néanmoins, l’étendue de la région d’Agadez mérite à l’heure actuelle un dispositif de sécurité efficient qui prend en compte la confrontation certaine à venir entre l’Azawad et l’État malien et empêcher que le Niger ne soit une base de repli pour le MNLA et l’Aqmi. Déjà qu’il n’est pas évident que l’Algérie voit d’un bon œil la base américaine d’Agadez, permettre à Aqmi de circuler librement dans le nord du Niger risque de lui être insupportable.

C’est bien de renforcer la rive droite du fleuve Niger sans dialoguer avec Aqmi comme le veut la France, mais c’est surtout impératif de fortifier le nord de notre pays pour lui éviter une « kidalisation ».

Ibrahima Haùidou