SECURITE : Issoufou – Kidal, un dérapage inutile


« Le statut actuel de Kidal est une menace pour le Niger. L’Etat malien doit impérativement y reprendre ses droits ». Ces propos, pour le moins surprenants et contreproductifs, tenus par le Président  du Niger Issoufou Mahamadou, lors d’une interview accordée au magazine Jeune Afrique (3057-3058 du  11  au  24  Août  2019)  ne  sont  pas  de  nature  à  contribuer  à  l’apaisement  et  pourraient engendrer des crispations inutiles dans la sous-région.

Les acteurs, partenaires et observateurs de ce qui se passe au Mali, savent que la question de Kidal  et  de  l’Azawad  en  général,  constitue  un  problème  politique  que  la  communauté  internationale tente de canaliser à travers les accords d’Alger.

Un pays frère comme le Niger, dont la sécurité et la stabilité sont largement liées à celles du Mali, ne gagnerait rien à s’immiscer dans un conflit aux  multiples facettes. Depuis 2012, le Niger  a  décidément  du  mal  à  trouver  la  posture  adéquate  permettant  de  jouer  un  rôle constructif  dans  cette  situation,  tenant  compte  des  enjeux  en  présence  et  des  intérêts  du  pays.  Pour  le  Niger,  il  s’agit  là  d’un  terrain  trop  glissant  sur  lequel  il  serait  hasardeux  de s’aventurer dans le contexte géopolitique actuel au Sahel.

Quant à l’Etat malien, il n’a malheureusement pas toujours donné l’exemple d’un Etat digne d’être défendu par un démocrate. Avant de souhaiter le retour de l’Etat malien à Kidal, il aurait sans doute été plus prudent de s’entourer de précautions quant à sa capacité à renoncer à ses méthodes du passé qui ont causé la mort de plusieurs centaines de Maliens.

La  situation  à  Kidal  résulte  de  l’échec  de  l’Etat  malien  à  administrer  convenablement  le territoire qui lui a été légué par l’administration coloniale. L’histoire a montré que les populations de Kidal ont surtout souffert de la violence de l’Etat malien  et  cherchent  aujourd’hui  à  se  mettre  à  l’abri  pour  espérer  un  avenir  meilleur.  Par conséquent, aider le Mali, c’est contribuer à construire la confiance entre lui et les populations de l’Azawad.

Abdoulahi ATTAYOUB

Lyon / France le 13 août 2019