NIGER : Quand l’insécurité limite les occupations socio-professionnelles des jeunes dans les zones hostiles
La situation d’insécurité qui prévaut au Niger est très préoccupante. Plusieurs groupes armés non étatiques opèrent le long de la bande frontalière poreuse qui sépare le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Les conséquences ont impacté les opportunités et les occupations des jeunes dans les zones de conflits. Les mesures sécuritaires prises par les autorités nigériennes pour lutter contre le terrorisme et le banditisme armé ont considérablement limité la jouissance des libertés fondamentales à Tillaberi et Diffa (interdiction de manifestations publiques ou de réunion attroupement pacifiques), les interventions des organisations non gouvernementales (ONG) notamment dans le bassin du lac Tchad, la Zone du Liptako et dans le Nord Tillabéri. Les communautés vulnérables sont privées des services sociaux de base. On peut notamment signaler la fermeture des centres de santé ou la limitation de leurs services, la fermeture des écoles, l’accès difficile aux moyens de subsistance, la suspension voire la cessation des activités agricoles selon les zones.
Des sources concordantes, près de 800 écoles sont fermées privant plus 60. 000 jeunes élèves nigériens de leurs droits à l’éducation à cause de l’insécurité dans leurs zones. « A cause de l’insécurité, j’ai passé 2 ans sans me rendre dans mon village pour voir mes parents » a confié à NIAMEY SOIR, M Djibey Sadou, un vendeur de Thé rencontré dans la ville de Tillabéri.
Au plan humanitaire, l’insécurité a déclenché une situation complexe liée aux déplacements massifs des populations. En septembre dernier, une source humanitaire onusienne a alerté qu’environ 2 100 personnes (300 ménages) auraient quitté l’ancien site des personnes déplacées internes (PDI) dans la commune rurale de Kablewa (région de Diffa). Ces déplacements massifs des populations civiles ont été aussi signalés notamment dans le Nord Tillabéri, Anzourou, Kokokoru (Gothèye) où la psychose sociale persiste du fait de la persistance des attaques et les menaces des terroristes. Dans la commune de Kokorou (Tillabéri), les activités sont au ralenti selon une source proche de la Mairie. Le travail des agents se fait généralement à distance.
M. Souleymane Issa, jeune revendeur d’oignon à Ayerou témoigne de la faible fréquentation des marchés hebdomadaires, du départ massif des grands commerçants de la zone vers les milieux les moins hostiles, le chômage des jeunes.
Après Diffa depuis 2015, la persistance de l’insécurité a conduit le Gouvernement nigérien à proclamer l’état d’urgence le 03 mars 2017 dans les départements de Tassara et Tilia (Tahoua) puis à partir du 07 décembre 2018 dans les départements de Tillabéri, Gothèye, Ouallam, Ayorou, Bankilaré, Abala, Banibangou Say, Torodi et Téra (Tillaberi). Depuis lors, tous les trois mois du fait de persistance des défis sécuritaires complexes, le Gouvernement reconduit l’état d’urgence dans ces localités et cela avec tous les risques de durcissements de l’espace civique et des violations des droits humains (liberté d’aller et venir).
Aicha Ousmane Issa
(Reportage réalisé avec l’appui de International Média Support)