Niger : Quand l’Etat s’oppose au contrôle citoyen des affaires publiques….
(Niamey- Mercredi 28 Septembre 2022) : Le Niger vient de connaitre sa première alternance démocratique à l’issue des élections présidentielles de 2020-2021. Déjà, plusieurs organisations défense de la Démocratie et des Droits de l’Homme accusent les nouvelles autorités du pays de restreindre l’espace civique, cadre par excellence d’expression citoyenne. Or, l’espace civique est indispensable à la vie démocratique ce sens qu’il permet au citoyen et à la société civile d’exercer le contrôle de la gestion des affaires publiques.
Parmi les organisations de la société civile nigérienne qualifiée de « putschiste » par le régime de Niamey, le Mouvement Tournons La Page (TLP-Niger) a alerté que depuis le début de l’année 2014, une remise en cause de l’exercice de droits consacrés par le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques ainsi que par la Constitution du 25 novembre 2010 de l’État du Niger sont des réalités dommageables constatées dans le pays. « Entre arrestations de masse d’activistes, journalistes ou opposants politiques, interdiction systématique de manifester et coupures d’internet, les libertés d’expression, de manifestation, d’association et de vie privée ne sont désormais plus garanties », a souligné TLP-Niger dans son rapport.
De son côté, CIVICUS, une Organisation Internationale active dans le renforcement de l’action citoyenne et de la société civile a estimé que malgré les garanties constitutionnelles sur la liberté de réunion pacifique, d’expression et d’association, le gouvernement nigérien a pris pour cible les défenseurs des droits humains et les a soumis à des arrestations arbitraires et à des persécutions judiciaires. CIVICUS d’ajouter que les rassemblements pacifiques sont réprimés et les manifestations prévues sont interdites, tandis que des journalistes sont détenus pour avoir fait des reportages sur des questions touchant l’État. « Des lois restrictives comme la loi de 2019 sur les cyber crimes sont utilisées pour poursuivre les représentants de la société civile », a fait remarquer l’Organisation.
Rappelons que lors de son séjour au Niger du 6 au 16 décembre 2021, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à la liberté de réunion pacifique et d’association, M. Clément Voule, a noté que depuis 2018, toute demande de manifestation visant à exprimer des points de vue opposés sur la façon dont le pays est gouverné a été systématiquement interdite avec pour motifs la crise sécuritaire ou l’urgence sanitaire liée à la pandémie de COVID-19. Mais, pour l’Expert onusien, il était d’une importance vitale d’autoriser les manifestations publiques, qui sont nécessaires pour toute société démocratique, ouverte et inclusive.
Une seule la marche suivie de meeting organisée le 18 septembre 2022 par le Réseau Panafricain pour la Paix, la Démocratie et le Développement (REPPAD) a été autorisée depuis l’installation des nouvelles autorités. Et cela dépit de la volonté politique affichée du Chef de l’Etat M. Mohamed Bazoum de permettre à la société civile de jouer son rôle pour la vitalité de la démocratie. En effet, lors de sa rencontre avec les représentants de la société civile le 7 Juin 2021, le président de la République du Niger, Mohamed Bazoum, avait déclaré que la société civile est l’un des acteurs porteurs de la promotion de la démocratie.
Aicha Ousmane Issa
(Reportage réalisé avec l’appui de International Média Support)