La récupération des terres dégradées : un moyen de lutte contre les changements climatiques et de résilience des communautés au Niger
(Niamey- Vendredi 16 Septembre 2022) Le profil des catastrophes au Niger est caractérisé non seulement par des événements hydrométéorologiques extrêmes qui augmentent en fréquence et en intensité du fait du changement climatique, mais aussi par des facteurs endogènes notamment la forte croissance démographique et surtout le déboisement causant l’érosion accrue des sols et la dégradation des terres dans les bassins hydrographiques en amont.
En trente ans, le Niger a connu dix grandes sécheresses et neuf grandes inondations avec des conséquences désastreuses. La faible capacité des communautés à anticiper, atténuer les catastrophes et s’en relever, est un grand défi pour les autorités et les partenaires au développement.
Les causes majeures de la dégradation des terres,
Au Niger, les causes majeures et manifestations de la dégradation des terres sont principalement dues aux pluies insuffisantes, mais parfois diluviennes, irrégulières et mal reparties dans l’espace et dans le temps, ainsi que des vents fréquents et forts qui érodent les terres. En adoptant comme principale stratégie de survie, les producteurs augmentent les surfaces cultivées au détriment des pratiques de gestion de la fertilité des sols, comme la jachère. En outre, le surpâturage, l’exploitation incontrôlée des forêts pour la satisfaction des besoins en bois énergie et de service, les mauvaises pratiques de prélèvement des produits forestiers utilisés en pharmacopée traditionnelle et les feux de brousse sont autant d’activités humaines qui contribuent à la régression du couvert végétal favorisant ainsi la dégradation des terres.
La concentration de ¾ des populations du pays dans seulement ¼ du territoire national constitue également une autre préoccupation majeure en matière de gestion des terres. Les tendances en matière de dégradation des terres se caractérisent par la déforestation et la désertification qui progressent inexorablement, atteignant 75% du territoire national.
La récupération des terres dégradées : une activité à promouvoir…
De l’avis général, la récupération ou la restauration des terres dégradées est une activité communautaire qui a le mérite de faciliter la résilience économique, créer des emplois, augmenter les revenus des populations ainsi que la sécurité alimentaire. Selon les explications de l’environnementaliste M. Garba Ismail, il s’agit surtout des techniques qui ont permis l’amélioration de la fertilité des sols ; l’augmentation de la production agricole ; l’augmentation des revenus des populations de sa zone d’intervention; la régénération des ressources naturelles, base de la production agro-pastorale; l’augmentation de la disponibilité en fourrage.
La restauration des terres dégradées est donc un des moyens pour parvenir à la sécurité alimentaire en agissant sur les facteurs de dégradation des terres qui sont principalement d’ordre climatique et anthropique, a-t-il ajouté.
A M. Issa Garba, responsable du réseau des jeunes nigériens sur le changement climatique d’encourager les agriculteurs surtout les jeunes à la pratique de l’agroforesterie. Aussi, La récupération des terres dégradées permet également d’occuper les jeunes et les femmes porteuses des projets des pépinières pour leur autonomisation en sauvegardant la biodiversité.
Pour rappel, les techniques de récupérations des terres les plus utilisées au Niger sont : les demi-lunes agricoles, sylvo pastorales et pastorales ; la régénération naturelle assistée (RNA), la fixation des dunes, les bandes pare-feu, le muret de pierres sèches, la banquette classique, les cordons pierreux, la lutte contre les plantes envahissantes terrestres.
Mohamed Ibrahim / NIAMEY-SOIR
(Reportage réalisé avec l’appui de International Média Support)