GOUVERNANCE : Reprise du dialogue politique dans une Démocratie résiliente mais fragile au Niger
(Niamey – Vendredi 9 Septembre 2022) Le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, également Président du Conseil National de Dialogue politique (CNDP), M. Ouhoumoudou Mahamadou a réussi à rassembler la classe politique nigérienne et l’inviter à regarder dans la même direction. Cette rencontre est assurément chargée d’espoir pour la vitalité de la Démocratie au Niger. Mieux, elle est intervenue après la nomination par décret présidentiel du Chef de file de l’opposition politique en la personne de M. Tahirou Saidou en février dernier. Il est président en exercice du parti LUMANA de l’ancien premier ministre M. Hama Amadou actuellement en détention.
Tirant la synthèse de cette Session, le Premier ministre a félicité le leader de l’Opposition pour avoir réussi à convaincre l’ensemble de ses collègues à y participer. La session du CNDP d’aujourd’hui a planché essentiellement sur la situation sécuritaire et les élections des Nigériens de la diaspora escamotant ainsi la préoccupation persistante des restrictions des libertés a remarqué M. Harouna Zakari, acteur de la société civile membre du PEPPAD. Abondant dans le même sens, M. Soumaila Mahamadou Haldi, acteur de la Société Civile, Web activiste affirme : « S’il est vrai que pour la première fois de son histoire politique, le Niger vient de connaitre un passage de pouvoir entre deux présidents civils élus, il est inquiétant de constater en deux (2) ans de gestion, la fragilité des piliers essentiels d’une bonne gouvernance démocratique se traduisant par une privation des libertés publiques sous les prétextes fallacieux de l’insécurité et de la COVID-19 ».
Une chose est sûre, une telle rencontre ne s’est pas tenue depuis bientôt deux ans à cause du refus des partis de l’opposition politique à siéger aux sessions du CNDP d’où le blocage du dialogue politique. Pour l’essentiel, rappelons que l’opposition boycottait les sessions convoquées par l’ancien Premier Ministre Brigi Rafini en raison des divergences liées aux points inscrits à l’ordre du jour relativement au processus électoral de 2020-2021.
Une démocratie fragile au milieu des tensions de la sous-région
Le Niger fait face aux défis liés au caractère transnational du terrorisme principalement dans la région du Sahel où sévissent d’autres activités connexes notamment le trafic de drogues, la circulation illicite d’armes, la traite des personnes, la migration irrégulière. A ce tableau peu reluisant sont venues s’ajouter la porosité des frontières du Niger avec le Mali, les attaques récurrentes de Boko Haram à l’Est puis des terroristes dans la Zone des trois frontières. La criminalité transfrontière facilitée par l’immensité du territoire et la porosité des frontières a montré les capacités limitées de l’Etat à assurer de manière effective ses missions régaliennes d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens.
Néanmoins, l’insécurité ne doit pas servir de prétexte au Gouvernement pour étouffer les libertés publiques. « Le Niger n’est pas le seul pays de la sous-région qui fait face à l’insécurité. Les pays voisins comme le Burkina Faso et le Mali sont également concernés pourtant les citoyens organisent des manifestations publiques et s’expriment librement » a fait remarquer M. Oumarou Yayé Zakaria, observateur de la scène politique nationale.
Il sied de noter l’engagement politique plusieurs fois réaffirmé du Chef de l’Etat M. Mohamed BAZOUM à assurer les conditions optimales d’une bonne gouvernance Démocratique. En atteste la disponibilité du Gouvernement à travailler avec la société civile nigérienne pour Consolider les acquis démocratiques non sans occulter la nécessité, apprend-on, d’assainir le secteur des ONGs et Associations de développement. Le débat sur la Gouvernance démocratique en lien avec la sécurité reste dominé par la présence vivement contestée des forces occidentales plus précisément de l’Opération de la Force Barkhane dont le redéploiement définitif du Mali au le Niger s’est opéré fin Août 2022.
Pour rappel, la force Barkhane est installée depuis 2013 au temps fort de la crise malienne avec ses 4500 hommes déployés entre le Tchad, le Niger, le Mali, le Burkina Faso, la côte d’Ivoire et le Sénégal. Elle joue sa partition dans la lutte contre le terrorisme dans la bande sahelo-saharienne en proie à des attaques terroristes depuis bientôt dix (10) ans.
Yahaya Aghali Oullame / NIAMEY-SOIR
(Reportage réalisé avec l’appui de International Média Support)