ÉCONOMIE : Une expérience de warrantage sur l’oignon dans la Région de Tillabéri.


 

 

Le warrantage est un système de crédit adapté aux petits producteurs. Il permet aux agriculteurs d’obtenir un crédit en proposant le stockage d’une partie de leur production comme garantie. Le Niger a développé les premières opérations de warrantage il y a plus de 20 ans. A la récolte, les prix sont au plus bas et on dit souvent que les producteurs « bradent » leurs productions. Après plusieurs mois sans ressources, ils cherchent de l’argent dès la récolte. Pour la plupart des produits, plus le temps passe et plus les prix grimpent. Pour l’oignon, le prix du sac peut passer de 7 000 F CFA le sac en cette période (début avril) à 30 000 F CFA  voire 45 000 F CFA entre juillet et septembre.
Avec le warrantage, le producteur stocke son produit et obtient un crédit d’une institution financière correspondant à la valeur du produit au moment du stockage. Cela lui permet d’avoir les ressources financières dont il a besoin tout de suite. Quelques mois plus tard, il peut revendre son produit, empocher le différentiel de prix et rembourser son crédit. Évidemment cela ne peut marcher qu’avec des produits agricoles qui peuvent se conserver sans (trop) difficultés, facile à vendre et dont les variations de prix ont une certaine prévisibilité. Facilité de vente et prévisibilité des prix, cela correspond bien à l’oignon.
Pour la conservation c’est possible mais… En premier, l’oignon produit doit être un oignon « de garde » c’est-à-dire produit de préférence sans engrais chimique et récolté à maturité complète. En second lieu, il faut un magasin de stockage adapté. C’est l’opération que vient de lancer la Chambre Régionale d’Agriculture de Tillabéri avec l’appui du BIT-HCR. Trois magasins de « type FCMN » ont été construits à Sakoira, Ayorou et Torodi. Ces magasins ont un toit de chaume posé sur une armature métallique, assez élevé pour évacuer la chaleur, de nombreuses ouvertures d’aération au niveau des quatre murs, le tout permettant d’adoucir considérablement la température à l’intérieur et d’assurer une ventilation adéquate. Ils sont munis de claies (ou étagères) permettant un stockage des oignons sur plusieurs étages.
Dans ces conditions, les pertes peuvent se limiter à 10 % environ après 4 à 5 mois. La capacité des magasins est estimée à 35 tonnes. Chaque producteur est enregistré avec son nombre de sac par le gestionnaire et on lui affecte un, ou des casiers qui correspondent à cette quantité. Sur chaque casier on prend soin d’afficher le nom du propriétaire. Pour cette expérience, une convention a été signée avec l’institution de microfinance SICR Kokari qui fournit le crédit aux producteurs. Rendez-vous dans quelques mois pour les résultats.
Sources : RECA / Tillabéri