CLIMAT : L’heure n’est pas à l’abandon des énergies fossiles en Afrique


 

Pour répondre au besoin de limiter l’augmentation du réchauffement climatique à moins de 1,5 % par rapport au niveau préindustriel, le Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), M. Antonio Guterres, a exprimé la nécessité de mettre fin à toute exploration de pétrole et de gaz partout dans le monde. Ainsi, pour M. Antonio Guterres, l’Afrique doit recourir aux énergies renouvelables et renoncer à l’exploration de ses dépôts de pétrole et de gaz potentiellement riches pour éviter un désastre climatique et fournir de l’énergie propre à des centaines de millions de personnes qui en manquent. Mais, le continent africain qui est de loin la première victime des effets du changement climatique, peut-il aujourd’hui se passer des énergies fossiles pour son développement ?

Le Secrétaire Général de l’ONU a récemment demandé qu’aucun investissement dans le fossile ne soit plus autorisé. De même, au nom de l’impératif de la réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050, l’Agence internationale de l’énergie (AIE), décrète pour sa part : « aucune exploitation de nouveau gisement de pétrole et de gaz ». Cependant, « l’Afrique produit moins de 3% des émissions de gaz à effet de serre… et si nous devions exploiter toutes nos réserves connues de gaz naturel, le combustible fossile de transition le plus propre au monde, nous n’atteindrions que 3.5% », a indiqué le président du Nigeria, M. Muhammadu Buhari, dans une tribune publiée par le Washington Post.

Au président nigérien, Mohamed Bazoum, à son tour d’estimer que leurs partenaires des pays développés n’ont pas conscience qu’ils leur font des propositions qui ne sauraient leur convenir. « Nous aurions pu les écouter si et seulement si le capital nécessaire pour la promotion des énergies renouvelables était à notre portée », a-t-il souligné dans une interview récemment accordée au Journal  « Le Monde ». « On nous dit qu’investir dans les énergies fossiles ne sera pas rentable d’ici à quelques années parce qu’elles vont produire une électricité qui ne sera pas vendable. Nous sommes d’accord, mais alors il faut convaincre le secteur privé des pays industrialisés, les Etats, les banques internationales de développement, de s’entendre pour faire en sorte que nous disposions des capitaux nous permettant d’investir dans les renouvelables. Puisque ce n’est pas le cas, nous ne pouvons que recourir aux énergies fossiles », a expliqué le Chef de l’Etat nigérien.

Pour Mohamed Bazoum, il s’agit de répondre aux besoins actuels des populations, pas d’ici à dix (10) ans ou quinze (15) ans. En effet, « j’ai de grandes ambitions pour mon pays. Je veux investir dans l’éducation, l’agriculture, mais comment le ferais-je si je ne dispose pas du minimum de ressources nécessaires, que je ne peux avoir que si je vends du pétrole?  Je vais vendre du pétrole en 2023 et je vais accroitre les quantités de pétrole que je dois vendre », a-t-il expliqué. « Tant que c’est la seule ressource que j’ai pour promouvoir le développement de mon pays, j’y aurai recours. Après, Dieu reconnaitra les siens », a laissé entendre le président nigérien.

Selon plusieurs sources, en plus de ne contribuer que marginalement au réchauffement climatique de la terre, l’Afrique dispose de forêts qui absorbent plus de carbone que celles du bassin de l’Amazonie, notamment les forêts d’Afrique centrale, du bassin du Congo et du Gabon. Mais, pour l’heure, dans une Afrique faisant face aux défis multiples et multiformes des effets du réchauffement climatique, l’exploitation des énergies fossiles est indispensable non seulement au développement, mais aussi à la survie même de certains Etats.

Sakinou Mamane

(Reportage réalisé avec l’appui de International Média Support)