CLIMAT- COP27 : Que retenir des attentes des jeunes et de la société civile nigérienne ?


(Niamey – Mercredi 10 Octobre 2022) : Le Niger participera à la 27ème conférence internationale des Nations Unies sur les changements climatiques qui se tiendra en Novembre prochain pour la première fois depuis 2016 en Afrique plus précisément à Sharm El Cheik en Égypte. Le Gouvernement à travers le ministère chargé de l’Environnement et de la lutte contre la Désertification s’active à faire entendre sa voix lors de ce grand rendez-vous sur le Climat. Dans le même temps, les jeunes membres des organisations de la société civile nigérienne multiplient les rencontres pour une meilleure coordination de leurs actions de plaidoyer en prélude de la COP27.

Dans ce sens, Mme Garama Saratou Rabiou Inoussa, ministre de l’Environnement s’est déjà entretenue fin juin 2022 à son cabinet avec le Secrétaire Exécutif du Conseil National pour l’Environnement et le Développement Durable(CNEDD), Dr Kamayé Maazou ainsi que des hauts cadres de son département  ministériel afin de plancher, entre autres, sur l’installation d’un Comité préparatoire devant assurer une participation de qualité de la délégation nationale. Le Président de la République, Chef de l’Etat prendra part à la COP27 aux côtés de plus de 120 autres chefs d’Etat et de gouvernement a appris NIAMEY-SOIR des sources proches du Gouvernement.

La conférence se déroulera en Afrique,  un  des continents  les plus vulnérables aux  impacts du changement climatique, et ce, dans un contexte de crise économique, d’endettement,  de crise énergétique et alimentaire ; avec des conséquences sans précédent du changement climatique déjà ressenties à travers le monde. Du reste, ces préoccupations pressantes ont conduit le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) à formuler des demandes claires d’actions climatiques urgentes notamment dans son sixième rapport d’évaluation (AR6) : le rapport sur l’Afrique.

Les enjeux de la COP27 pour l’Afrique

Les enjeux de la COP27 sont nombreux surtout pour l’Afrique relativement à la transition énergétique. En outre, il sera également question de la réduction des émissions de gaz à effet de serre ou encore le financement alloué aux pays pour les aider à baisser leurs émissions et s’adapter aux effets du réchauffement, la Justice climatique, les pertes et dommages etc.

De l’avis général en milieu universitaire, la COP27 doit répondre de manière décisive aux dernières données scientifiques et prendre des mesures concrètes en vue de la mise en œuvre de l’Accord de Paris et, en particulier, apporter un meilleur soutien aux pays en développement vulnérables afin de répondre efficacement au changement climatique.

Dans le même ordre d’idée la question du financement climatique agite l’opinion publique nigérienne. Rappelons l’engagement antérieur de combler l’écart de 100 milliards de dollars par an d’ici 2020, et faire des progrès substantiels pour combler les déficits financiers au titre de la période 2020-2025. Au Niger, rappelle-t-on, le financement climatique représente 26 % des investissements pour l’exercice 2021 – soit 202 millions de dollars. Au fond, l’examen du Plan de mise en œuvre pour l’atteinte des 100 milliards de dollars a suscité une méfiance de la part des pays en développement. C’est sans occulter que le financement mobilisé est principalement axé sur l’atténuation plutôt que sur l’adaptation et principalement sur des prêts plutôt que sur des subventions qui sont nécessaires pour l’adaptation en Afrique.

A ce propos, l’analyste socio-politique, Me Sékou Koné ne cache pas son pessimisme : « Le ridicule africain c’est de croire que les occidentaux vont honorer leurs promesses (qui n’engagent que ceux qui y croient) en libérant les milliards de dollars promis alors qu’il n’en sera rien ». Il poursuit en soulignant que l’exemple de la libération des fonds promis par ces mêmes pays pour le financement du G5 Sahel (organe politico-militaire créé pour mutualiser la lutte contre le terrorisme au Sahel) est la preuve évidente qu’entre promesses et réalités, il y a un grand écart. Pour Me Sékou Koné, « quand bien même ces fonds putatifs promis aux dirigeants africains seraient débloqués (par miracle) pour réaliser des projets structurants, ceux-ci ne verraient jamais le jour en Afrique car l’argent prendra une autre destination ».

En ce qui concerne les pertes et dommages, le Directeur Exécutif des Jeunes Volontaires pour l’Environnement(JVE) Niger, M. Sani Ayouba suggère qu’en prélude de la COP27, un mécanisme de Financement des pertes & dommages soit pris en compte à travers la facilité finance des Pertes & Dommages. Selon lui, il s’agit d’une facilité devant permettre de financer exclusivement les programmes des pays en développement afin de faire face aux pertes et dommages liés au climat.

Préoccupée par la résilience des communautés aux changements climatiques, L’ONG IMANI-Niger plaide en faveur d’une meilleure résilience des petites exploitations agricoles et des communautés face aux chocs climatiques et économiques. Son Secrétaire Exécutif national, M. Abdourahamane Ahamadou a formulé le vœu que les échanges de haut niveau de la COP27 prennent en compte le genre et l’inclusion, l’émancipation des femmes et des jeunes ainsi que la promotion des Emplois verts.

Pour sa part, M. ALLAHI BIZO Ismaël,  Président de l’Association des Jeunes pour l’Environnement et l’Education Civique (AJEEC), a fait savoir que l’agriculture et l’alimentation seront au menu des discussions lors de la COP27 sur le climat. L’enjeu est que l’expansion de l’agriculture industrielle constitue la 3ème source de l’émission de gaz à effet de serre. Et cela alors que les petites exploitations agricoles familiales qui continuent à fournir la majeure partie de l’alimentation mondiale sont menacées par les variabilités climatiques.

Les changements climatiques et la sécheresse affligent l’économie des ménages et la sécurité alimentaire de nombreux pays, en particulier dans les zones arides. M. ALLAHI BIZO Ismaël a insisté qu’une agriculture intelligente peut répondre aux défis climatiques dans les pays comme le Niger où le système agricole et alimentaire est largement dépendant des aléas climatiques. Le secteur agricole nigérien, dit-il, représente environ 39 % du PIB et emploie presque 85 % de la population active, essentiellement sous la forme d’une agriculture de subsistance et un élevage relativement dynamique.

ISSA OUSMANE Aichatou / NIAMEY – SOIR

(Reportage réalisé avec l’appui de International Média Support)