Changements climatiques au Niger : Des pistes de solution d’adaptation et d’atténuation  


 

 

( Niamey – Lundi 26 Septembre 2022) : Le Niger à lui seul pourrait compter jusqu’à 19,1 millions de migrants climatiques internes, soit près de 30,26 % de sa population. Cette situation nécessite à développer au profit des agriculteurs des systèmes innovants de production extensifs pouvant consister notamment à défricher les espaces forestiers existants d’où l’importance de la restauration des terres dégradées.

Pour l’agent des eaux et forêts M. Djika Mahamadou, « les techniques de restauration des terres dégradées permettent de parvenir à la sécurité alimentaire en agissant sur les facteurs de dégradation des terres qui sont principalement d’ordre climatique et anthropique ». Ces techniques, poursuit-il, permettent d’améliorer de la fertilité des sols ; l’augmentation de la production agricole ; l’augmentation des revenus des populations de sa zone d’intervention; la régénération des ressources naturelles, base de la production agro-pastorale; l’augmentation de la disponibilité en fourrage.

Selon les propos de M. Ibrahima Adamou, Chef de Division Environnement, Climat et Emplois Verts de l’ONG IMANI-Niger, « les plus autorités du pays doivent accompagner nos compatriotes du monde rural à pratiquer l’agroforesterie et l’agro écologie comme des alternatives majeures à leur portée pour lutter contre les changements climatiques ».  L’agroforesterie, explique-t-il, est une pratique qui date depuis des lustres certes mais qui porte dans la lutte contre les changements climatiques en termes de solution à la fois d’atténuation et d’adaptation. Elle consiste à associer des arbres et de cultures ou des animaux sur une même parcelle. « L’agroforesterie permet une utilisation rationnelle des ressources, une plus grande diversité biologique et la création d’un micro-climat favorable à l’augmentation des rendements » a-t-il ajouté.

En ce qui concerne l’agro écologie,  M. Ibrahima Adamou de l’ONG IMANI-Niger, rappelle que c’est une approche systémique de production centrée sur les fonctionnalités offertes par les écosystèmes. Elle les amplifie tout en visant à diminuer les pressions sur l’environnement (ex : réduire les émissions de gaz à effet de serre, limiter le recours aux produits phytosanitaires) et à préserver les ressources naturelles. En clair, dit-il, il s’agit d’utiliser au maximum la nature comme facteur de production en maintenant ses capacités de renouvellement.

Il sied de noter que ces solutions de renforcement de la résilience des communautés aux changements climatiques ont retenu l’attention du Gouvernement qui, réuni en conseil des Ministres le 21 juillet 2022, a adopté le projet de décret portant adoption de la stratégie nationale d’adaptation face aux changements climatiques dans le secteur agricole (SPN2A, 2020 2035) et son plan d’actions 2022-2026. Cette stratégie a été élaborée dans le cadre de l’opérationnalisation de la contribution déterminée au niveau national (CDN) révisée. Elle vise à répondre à la complexité des enjeux de l’adaptation aux changements climatiques de la gestion durable des ressources naturelles et de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Selon le gouvernement nigérien elle a pour finalité d’assurer un développement agricole durable et intelligent face au climat, à travers le renforcement de la résilience et l’adaptation des populations rurales face aux événements climatiques extrêmes et aux facteurs de risques et mutations, à court et moyen terme.

En définitive, la stratégie vise trois objectifs généraux à savoir : l’exploitation durable du potentiel productif des agro écosystèmes ; l’amélioration durable des performances agronomiques, économiques et environnementales des exploitations agro-sylvo pastorales ; l’accroissement de la résilience des systèmes écologiques, économiques et sociaux face aux chocs, notamment d’origine climatique. Elle est dotée d’un plan d’actions quinquennal qui décrit les activités nécessaires à l’atteinte des résultats visés selon une approche programmatique.

Yahaya Aghali Oullame / NIAMEY-SOIR

 (Reportage réalisé avec l’appui de International Média Support)