Changement climatique : Une grande menace pour l’Afrique
L’Afrique ne représente qu’environ 2 à 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, selon le Rapport de l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) publié septembre dernier. Cependant, le continent africain subit les plus lourdes conséquences du changement climatique occasionné par les émissions de gaz à effet de serre. En 2022, les pluies, plus précoces et plus abondantes qu’en moyenne, ont provoqué des inondations qui ont affecté les régions s’étendant du Mali jusqu’à l’ensemble du bassin du Lac Tchad, le Niger, le Nigeria, le Bénin, le Tchad et le Cameroun.
D’après une étude du World Weather Attribution (WWA), dans cette région, plus de 800 personnes ont perdu la vie suite aux inondations de 2022. Au Nigeria 3, 2 millions d’habitants ont été affectés, 1, 5 millions déplacés, des centaines de milliers d’hectares inondées, plus d’un demi-million d’hectares de terres agricoles et plus de 300 mille habitations ont été affectés. Selon les Nations Unies, le Nigéria est confronté aux pires inondations depuis dix (10) ans. Au Cameroun, plus de 63 000 personnes ont été affectées par les crues des fleuves Chari et Logone dans les districts de Kousseri, Zina, Makari, Blangoua et Logone Birni.
Selon les Nations Unies, quelque 379 500 personnes déplacées vivent dans les zones du Burkina Faso touchées par les inondations dans les régions du Sahel, du Centre-Nord et du Nord. Cette année, plus de 41 000 personnes ont été touchées par les inondations au Mali, contre 10 511 en 2021, selon la même source. Au Niger, de l’installation de la saison des pluies en juin dernier à la date du 23 octobre 2022, selon un bilan établi par la Direction générale de la protection civile (DGPC), les inondations ont occasionné 195 décès, 211 blessés, 327.343 personnes sinistrées pour 40.746 ménages impactés dans le pays. Le Niger a également enregistré l’effondrement de 36.161 maisons, la perte de 700 têtes de bétails, et l’endommagement de 14,5 tonnes de vivres.
De même qu’au Tchad voisin, des pluies diluviennes et la crue annuelle des fleuves Chari et Logone ont entrainé des inondations qui ont touché 18 provinces sur les 23 que compte le pays. Des milliers d’hectares de culture ont été détruits, du cheptel emporté et de nombreux habitants ont été obligés de partir de chez eux, en raison de la montée des eaux.
Selon un rapport de situation en date du 11 novembre 2022 établi par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), un quart de la ville de N’Djaména, la capitale, a été submergé par les eaux. Près de 150.000 personnes déplacées par les pluies se retrouvent dans des centres d’accueil collectifs identifiés par les autorités. Par ailleurs, suite aux inondations et le début de la saison sèche marquée par le froid et les vents secs, les acteurs humanitaires redoutent une recrudescence des maladies comme le paludisme, le choléra et d’autres maladies hydriques dans ce pays.
L’étude du WWA mentionne que le changement climatique est responsable à 80% de la survenue de ce phénomène météorologique et à 20% de son intensité. Au Sahel, les fortes perturbations climatiques ont favorisé les sécheresses et les inondations, réduit les rendements agricoles et contribué à une détérioration générale des services publics. Selon le rapport 2019 de l’Organisation Météorologique Mondiale, « le climat représente une menace croissante pour la santé humaine, la sécurité alimentaire et l’accès à l’eau ainsi que le développement socio-économique de l’Afrique ». Pour plusieurs observateurs avertis, les tendances actuelles de l’évolution du climat montrent que c’est la survie même du continent qui est menacée.
ISSA OUSMANE Aichatou / NIAMEY – SOIR
(Reportage réalisé avec l’appui de International Média Support)