Changement climatique : Un fonds « pertes et préjudices » au profit des pays vulnérables, quel enjeu pour le Niger ?
(Niamey – Mardi 22 Novembre 2022) Une quarantaine de pays s’engagent à mobiliser plus de 350 millions de dollars au profit des pays vulnérables durement touchés par les catastrophes climatiques. Il s’agit d’un accord décisif tant attendu par les pays bénéficiaires à propos de la mise en place de ce fonds. Il a été trouvé après des longs échanges entre les parties prenantes lors de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (la COP 27) qui a pris fin le 20 novembre.
Adoptée pour la première fois lors de la COP 27, la création d’un fonds spécifique pour les pertes et préjudices est une grande avancée dans les discussions sur la réparation des préjudices et la compensation des pertes du fait des chocs climatiques. Les gouvernements ont également convenu de créer un comité de transition » chargé de formuler des recommandations sur la manière de rendre opérationnels les nouveaux mécanismes de financement et le fonds lors de la COP 28 de l’année prochaine. La première réunion du comité transitoire devrait avoir lieu avant la fin du mois de mars 2023. Les parties ont également convenu des dispositions institutionnelles pour rendre opérationnel le Réseau de Santiago pour les pertes et dommages, afin de catalyser l’assistance technique aux pays en développement qui sont particulièrement vulnérables aux effets néfastes du changement climatique.
« Nous avons déterminé une voie à suivre dans le cadre d’une conversation qui dure depuis des décennies sur le financement des pertes et dommages, en délibérant sur la façon dont nous abordons les impacts sur les communautés dont les vies et les moyens de subsistance ont été ruinés par les pires impacts du changement climatique », a expliqué Mme Simon Stiell, secrétaire exécutive d’ONU Climat
Quel en jeu pour le Niger ?
Au Niger, la question des pertes et dommages reteint beaucoup l’attention des autorités et des organisations de la société civile actives dans le secteur de l’environnement. Le pays fait face aux impacts du changement climatique et à la recrudescence des risques de catastrophe à travers : la dégradation accélérée des terres cultivables entrainant plus de sècheresses ; les inondations deviennent récurrentes entrainant des mouvements de population et des pertes du bétails et des habitats ; les feux de brousse font légion avec une intensification de l’insécurité alimentaire ; l’invasion des criquets pèlerins et la persistance des maladies climato-sensibles comme le paludisme et la méningite aggravant la vulnérabilité des communautés.
La prise en compte des pertes et dommages liés aux changements climatiques est une des recommandations phares de l’association Jeunes Volontaires pour l’Environnement du Niger (JVE-Niger) à la COP27. Un mécanisme de Financement des pertes & dommages doit être pris en compte à travers la facilité finance des Pertes & Dommages. Cette facilité doit financer exclusivement les programmes des pays en développement pour faire face aux pertes et dommages liés au climat. En clair, JVE-Niger préconise d’une part, de respecter le financement prévu et surtout plus de fonds pour l’adaptation ; de l’autre, que les Etats et le Secteur Privé appuient les initiatives locales de résilience.
La création d’un fonds spécifique pour les pertes et préjudices est le résultat de longues négociations. « Nous avons une série d’étapes à franchir. Nous devons nous serrer les coudes, avec détermination, à travers tous les processus, qu’ils soient nationaux, régionaux ou autres, comme le G20. Chaque étape est importante et crée un élan », a rassuré Mme Simon Stiell.
Pour rappel, le sommet des leaders mondiaux s’est tenu pendant deux (2) jours au cours de la première semaine de la conférence. Il a donné lieu à six (6) tables rondes de haut niveau. Les discussions ont permis de mettre en évidence des solutions aux questions portant sur la sécurité alimentaire, les communautés vulnérables et la transition juste, afin de tracer une voie permettant de surmonter les défis climatiques et de fournir les financements, les ressources et les outils nécessaires pour mener efficacement une action climatique à grande échelle.
Sakinou Mamane / NIAMEY-SOIR
(Reportage réalisé avec l’appui International Média Support)